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Une petite rétrospective s'impose après avoir achevé aujourd'hui ma vingt-et-unième année de vie sur cette Terre. Comme la plupart des gens, je n'ai pas une vie facile bien que je me rende compte à la fois de la chance que j'ai d'être entourée d'amour, de garder la santé et de pouvoir faire des études que j'ai choisies. J'ai l'impression de toujours dire qu'il m'arrive des problèmes et des situations incongrues mais c'est le cas et je ne mens pas.



Durant mes vingt-et-un ans, j'ai connu l'amour, un amour qui m'a submergée parce que c'était un sentiment que je ressentais d'une manière différente. je n'ai jamais été autant transie d'amour que cette fois-ci et j'ose espérer vivre quelque chose de différent mais de bien plus fort une prochaine fois. J'ai été heureuse, j'ai mangé, grossi, vécu une relation exceptionnelle. Mais malheureusement tout ce qui est rose et beau finit parfois en queue de boudin et clairement c'est ce qu'il s'est passé. Se faire larguer c'est très dur lorsqu'on aime quelqu'un plus que sa propre vie, qu'on donnerait tout. J'ai connu une phase terrifiante par la suite à partir de ce moment-là. J'ai perdu l'appétit et l'once d'optimisme qu'il me restait. J'ai voulu mourir et je ne compte plus ces fois là. Je sais que la toile n'est pas nécessairement l'endroit pour dire ces choses mais je n'ai pas peur. J'assume ce que j'ai vécu et ce que je vis et si des personnes me lisent j'ai envie de les aider. A mon niveau. Je sais que je ne suis pas la seule à vivre des relations ou des ruptures compliquées. Nous sommes des millions. Et vous n'êtes pas tous seuls. 
Suite à ce naufrage qui a fait basculer ma vie le temps d'un appel, je suis partie en dépression. Je n'arrivais pas à remonter la pente parce que je ne pensais qu'à pleurer tous les jours sans pouvoir me contrôler. Moi qui pleurais rarement avant ce fut un bouleversement, surtout que j'accepte très mal le fait de me laisser abattre. Généralement j'ai une phase mais elle est assez courte et finit par passer. Dans ce cas précis elle a duré assez longtemps et a été comme un énorme cercle vicieux puisque je détestais me voir échouer. On a souvent tendance à ne pas prendre au sérieux une personne qui a le coeur brisé mais ça peut être dévastateur et effectivement c'est seulement une fois qu'on le vit qu'on peut parfaitement - malheureusement - se rendre compte de la gravité de la situation. Je n'ai pas nécessairement eu le soutien escompté après ce drame qui a été le mien. Disons même que les réactions d'une partie de mon entourage m'ont poussée encore plus dans la dépression. Je me sentais privée d'aimer quand j'étais en couple et quand ça s'est terminé je m'en suis pris plein la gueule d'avoir choisi la personne que j'ai aimé. Enfin choisi, c'est un bien grand mot. Notre coeur choisit et nous on suit, peu importe notre raison. 
Même si mes proches ont essayé de m'accompagner comme ils pouvaient ils ne pouvaient rien faire de plus pour moi. J'étais au fond du seau et bien que j'avais l'envie de m'en sortir je peinais. Avant qu'il se passe cette rupture j'avais déjà entamé une thérapie avec une psy. Je ne savais pas mais j'avais probablement pris la meilleure décision de cette période puisque j'étais déjà accompagnée avant mon drame. J'ai eu la chance de ne pas avoir en plus de ça la responsabilité de devoir accepter que j'étais dans le mal psychologiquement. 
La dépression pour moi ç'a été l'impression d'être constamment incomprise, de moi-même parfois ne pas savoir ce que je voulais, comment faire et qui j'étais. La sensation que personne ne pouvait m'aider et que si je ne m'en sortais pas seule j'allais me laisser couler très loin. La dépression c'est avoir l'impression de porter un masque tous les jours que la Nature fait: à la fac, avec mes amis, en société. Et une fois chez moi c'est poser le masque et continuer à ruminer, à pleurer parfois et à se remettre mille fois en questions sans jamais arriver à comprendre. C'est aussi avoir l'impression d'être à chier, que tout ce qu'on fait est nul, qu'on ne va pas y arriver, que nos ambitions sont trop lointaines. La dépression c'est perdre confiance en soi, se trouver moche, grosse, bête et inutile. Mais pas devant les autres. Et si j'en parlais parfois brièvement, toujours cette sensation d'incompréhension, de "allez oublie ton ex ça sert en rien d'en parler c'est bon". Comme si ce n'était rien d'autre qu'un rhume dont j'allais jeter le mouchoir aux chiottes une fois fait. Mais non, on a beau s'en plaindre ponctuellement, c'est comme un monstre qui campe sous notre lit et qui sort pour nous envelopper de toutes ses pensées les plus mauvaises. Peu importe la cause de ce trouble. C'est prendre des cachets et que tout le monde s'inquiète à cause de la dépendance, alors que pour autant je connaissais ce risque et y faisais très attention. Sauf que sans ces cachets je pleurais jour et nuit et c'est comme si on me poignardait avec mille couteaux différents tellement j'avais mal. Sans le Xanax je n'aurais jamais pu dormir ou même penser sereinement un seul simple jour. Mais je me suis bottée le cul, après même pas une semaine pour me laisser le temps de souffler j'ai tout coupé et j'ai continué ma thérapie. J'ai continué à vivre et à me dire que je n'étais pas cette personne. Que j'étais celle qui était fière d'être sortie de tout ce qu'elle avait traversé. Que j'avais le droit malgré tout de pleurer et de me lamenter mais jamais trop longtemps pour ne pas retomber dans les travers du trouble dépressif. 
Ma psy m'a vu raconter toute ma vie, déballer ce que je ne disais pas forcément à mon entourage. Elle m'a tendue autant de mouchoirs que de séances. Même si la psychothérapie est un travail, donc payé, ces personnes restent des êtres humains touchés par les histoires des gens. Même s'ils se doivent d'être empathiques. Grâce à ma thérapie j'ai compris nombre de choses et j'ai appris à moins m'en vouloir, à relativiser et à devenir un peu plus légère sans que tout ne soit grave. Quand je n'ai plus su quoi raconter à ma spécialiste j'ai décidé de moi-même de suspendre ma thérapie pour qu'elle puisse aider quelqu'un d'autre. J'ai su à cet instant que je devrais me donner encore du temps mais que je n'aurais plus besoin de parler de moi. 
Les mois ont passé et depuis ma séparation je ne pouvais toujours pas aller vers les hommes. Non pas par répulsion mais j'en étais strictement incapable. Je pense que j'ai fait un blocage parce que je me suis sentie abandonnée une nouvelle fois et je me suis sentie très seule. Je ne voulais pas d'une personne qui allait remplacer mon ex parce que à quoi bon? Avoir un dupe et penser sans cesse au passé? Non merci. Les relations pansement, qui plus est, n'ont jamais été la solution au chagrin. Il n'y a que vous et vous seul qui pouvez vous faire avancer et cicatriser. Pas le pauvre gars qui débarque pour une vraie relation et va recevoir tout votre ressentiment, puis que vous allez jeter parce qu'il ne ressemble pas assez à votre passé. Le futur comprend un temps révolu, mais il convient de s'en servir pour construire du meilleur et aller vers l'avant. 
J'ai réussi après longtemps à accepter un rendez-vous et ne serait-ce que m'y rendre était déjà une victoire après ce que j'ai vécu, peu importe le feeling avec la personne en face. Si ça n'a rien donné, j'ai compris que je pouvais vraiment regarder le futur et avancer maintenant, que j'étais prête pour une nouvelle étape de ma vie. Je ne dis pas que tout se résout miraculeusement et qu'on ne pense plus jamais au mal dont on a souffert. Cela m'arrive encore quelques fois d'y penser, même parfois de ressentir du chagrin et de la douleur. 

Mais on en meurt pas. 

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