Self-care

 


Ca vous est probablement déjà arrivé, voire plus d'une fois, d'avoir la sensation de vous trouver sous l'eau sans avoir évidemment des branchies ? 

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Moi oui. Cette impression là est sournoise et assassine puisque généralement, lorsqu'elle nous entoure de sa présence, c'est bien souvent qu'il est trop tard


J'ai remarqué de nombreuses fois ces derniers temps, comme je l'ai déjà notifié ici par ailleurs, que j'avais une capacité à enfouir les choses assez régulièrement. Néanmoins, je n'ai aucun problème à dire lorsque quelque chose me dérange ou me déplaît. Sauf que j'ai une sorte de protection qui doit être bien rangée dans un tiroir de mon cerveau qui m'alerte quand une situation devient trop pesante et hop j'ai des petits lutins qui viennent creuser pour enfouir le sac au fond du jardin. Puis, souvent, un beau jour, les lutins se réveillent de leurs grandes vacances et se disent qu'il faudrait aller déterrer la capsule temporelle qui dort à côté de l'abri en bois et là c'est le drame. 

L'année 2021-2022 est une année que j'avais attendue avec beaucoup d'impatience car elle représentait beaucoup en terme d'enjeux : un nouveau travail, une nouvelle ville, un nouveau milieu. C'était le premier vrai nouveau départ que je n'ai jamais eu. L'idée première que j'en avais me terrifiait et me terrassait tant j'ai mes habitudes et que j'ai du mal avec le déracinement. Mais avec le temps, j'ai eu un déclic et je me suis dit que l'idée de vivre à Paris s'avérait finalement idéale pour moi. J'en étais devenue excitée. J'ai tout lâché quand j'ai obtenu mon concours et j'ai tout changé : le climat, le milieu professionnel, ma famille, mes amis, mon appart. Je suis tellement curieuse que je ne voyais pas le problème, l'acclimatation s'est faite non sans excitation de ma part. Je voulais aller partout, je suis partie voir une amie à Lille, je voulais partir faire des allers-retours à droite à gauche, voir la France, redescendre de temps à autre. Mais cette nouvelle vie demande une énergie que j'ai sous-estimée. Pendant quelques mois je n'ai pas su me reposer, partagée entre l'angoisse de louper la croissance de mon neveu, devoir partager mon temps entre tout le monde sur le peu de jours où je rentrais, l'envie de tout voir et de tout découvrir... Et au final je me suis oubliée. 

Je crois qu'on s'en rend compte vraiment le jour où on n'arrive plus du tout à récupérer et qu'on tire jour après jour sur la corde. Les week-ends ne ressemblent plus à du repos bien qu'on les occupe de la plus jolie des manières, le retour au travail est épuisant, les remarques ne sont plus supportables. En fait j'avais l'impression d'être une serviette qu'on essorait constamment. Pourtant, je persistais à vouloir "bien faire" : être présente comme je pouvais en étant là pour ma famille tout en l'étant pour mes amis au moins une fois par mois sur place, m'investir en restant jusqu'à pas d'heure à l'école pour le travail, essayer de prendre des nouvelles régulièrement, ne pas oublier de rire, essayer même de faire du sport quand même de temps en temps, rentrer pour les gros événements. Et un jour, je me suis oubliée sous la charge mentale, je me suis oubliée sous le travail qui ne ressemblait plus à rien de ce pourquoi je me suis battue pendant trois ans. Cet idéal que j'ai voulu atteindre a fini par me dévorer tel un ours goulu.

C'est marrant parce qu'écrire est un véritable exutoire, il me faut ça à chaque fois pour me rendre compte de ce que j'ai accompli, même si je sais qu'à des échelles diverses et variées, ce n'est pas grand chose. La réalité c'est que depuis fin Août je ne me suis pas laissée craquer. J'ai accepté de me faire pourrir dans mon travail par des gens qui étaient censés devoir m'aider, qui m'ont rabaissée un peu plus chaque jour et qui m'ont fait perdre confiance en moi et en ce métier que j'ai si souvent défendu. Je ne vais pas rentrer dans les détails pour des raisons évidentes, mais la réalité du terrain ressemble la plupart du temps à tout sauf à un conte de fées. Je crois que c'est essentiellement le travail qui m'a fait basculer dans les limbes d'un truc mauvais. Je ne me rappelais plus à quoi ressemblait Paris, le Louvre ou bien les quartiers que j'adorais arpenter tellement j'avais le nez dans mon travail. Au risque de décevoir des êtres humains, j'estime travailler pour vivre et non vivre pour travailler, le but étant quand même d'avoir un job que j'aime évidemment. Sauf que j'ai senti la tendance s'inverser, et je suis un être d'équilibre alors j'ai mal vécu ce changement. Vouloir passer absolument tout son temps disponible à bosser doit être un choix à mon sens, et non une contrainte. J'estime qu'on a des choses tellement enrichissantes à vivre en dehors de tout travail : des moments de vie, de voyages, de balades, manger un gâteau, se balader au bord de la Seine, aller boire un verre, aller au musée, profiter d'un rayon de soleil, découvrir de nouveaux endroits... Et ça je ne vois décemment pas comment cela peut se passer h24 flanqué à un bureau. 

Outre cette course au temps complètement folle, j'ai eu la sensation de me faire happer par le système de temps à autre. J'ai pensé à la démission en me demandant si je devais renier mes valeurs au profit de quelques personnes qui ne partagent pas les miennes. Je crois qu'humainement, ç'a été l'interrogation la plus difficile car je suis incapable de faire semblant auprès de qui que ce soit. Je n'ai pas vraiment la réponse définitive encore aujourd'hui bien que j'ai rencontré des personnes fantastiques qui m'ont redonné espoir en ce métier qui est si beau initialement. C'est quand même comique de constater à quel point ce boulot est humainement incroyable et à quel point il abrite des personnes parfois si mal intentionnées. Je ne sais pas vraiment si je risque quoi que ce soit en écrivant cela, mais après tout c'est le cadet de mes soucis. Parfois je réfléchis en me refaisant le film de tout ce que j'aimerais balancer à propos de certaines choses qui se trament. La seule raison qui m'empêche de le faire est que j'ai prévu de persister, comme toujours. Ma fierté et mon égo de Lion me permettent de m'accrocher plus fort qu'une moule à son rocher. J'ai envie de réussir uniquement pour prouver aux gens qu'ils avaient tort depuis le début et qu'essayer de mettre des bâtons dans les roues d'autrui leur fait davantage perdre de l'énergie à eux. 

Vous savez, où que vous vous trouvez, vous aurez toujours des gens qui possèdent une aura lumineuse et d'autres qui sont entourés uniquement de noirceur. Bien que le Monde ne soit pas manichéen, j'ai tendance à penser que c'est surtout comme ça. Cela n'empêche pas les êtres lumineux de prendre de mauvaises décisions parfois et de se tromper, c'est en définitive ce qui fait de l'être humain ce qu'il est.

J'ai envie de conclure ce billet en vous disant que peu importe ce que vous vivez, il ne faut pas que vous lâchiez la rampe. C'est trop important, vous êtes trop importants. Ne bousillez pas votre santé pour un travail, pour des gens qui ne seront là qu'un temps. Apprendre à prendre du recul est une qualité qu'il est nécessaire de développer pour survivre dans la société, sans quoi vous vous ferez dévorer comme une antilope par le système. 


Comme dirait un être qui m'est cher et qui est toujours de très bon conseil, "préservez votre paix".


Des bisous, 

Marion

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Marion, 23 ans de questions, de conneries, je suis une encyclopédie de la bizarrerie parfois.
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