Le viol

Je sais qu'il s'agit d'un sujet sensible. Comme habituellement, j'ai posé des mots, mes mots, sur un sujet qui me révolte et me prend aux tripes. Je n'écris pas pour me faire huer, ces propos n'engagent que moi mais je n'ai rien contre la discussion. J'espère qu'il vous fera prendre conscience de certaines choses si vous étiez encore dans l'obscurité concernant certains événements.

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Si je sais souvent me lamenter, je sais aussi prendre position pour les choses qui me tiennent à coeur ou me révoltent. Le réveil fut quelque peu amer (à 12h, les étudiants sont en vacances!) quand j'ai constaté sur Facebook l'apparition d'un magnifique article du Huffington Post portant sur le viol. Comment vous dire que les pensées et le discours d'une large partie de la population est purement dégueulasse. Je ne mettrais pas d'autre mot que celui qu'il mérite. Cela fait un moment que cette question sociétale est bien ancrée dans mon esprit, que j'y réfléchis et que je vois presque chaque jour un fait divers relater la mésaventure -excusez-moi du terme- d'une (jeune) femme. Certains diront qu'on oublie les hommes; le viol masculin existe, cependant j'ai bien plus souvent constaté qu'il existait des sévices sur les individus de sexe féminin. Parenthèse fermée. 
Etant née femme, c'est une préoccupation qui me concerne. J'avais écrit un article il y a un certain temps à propos de la condition d' "Etre femme". Mon opinion n'a toujours pas changé sur la question, au même titre que la société n'a pas évolué. Il faut bel et bien considérer le terme "évolution" -oui oui- car il faut dire que certains ont oublié leurs cerveaux pendant le Moyen-Âge. Mon billet est empreint d'amertume et je ne m'en cache pas car toutes les personnes -sans exception- qui dédramatisent ou participent de près ou de loin à la culture du viol me répugnent. A ces gens je demanderai s'ils savent ce que cela fait ne serait-ce que de s'interroger sur sa tenue pour savoir si on va se faire traiter de pute par le premier connard de merde qui passe? Je leur demanderai s'ils savent quel sentiment on ressent quand on se fait goulûment dévisager parce qu'on a osé dévoiler nos jambes en mettant une jupe/un short qui nous plaisait. Je leur demanderai si eux aussi ils ont peur de rentrer tard le soir, même s'ils n'ont pas le choix, s'ils accélèrent le pas en croisant toute forme de vie, s'ils aimeraient se faire klaxonner par une bande d'enculés en Twingo. Je vais m'arrêter là ca ce n'est pas réellement le débat principal, mais je parle seulement de ce que je connais. Fort heureusement pour moi -et je croise les doigts, même si c'est triste de le dire ainsi- je n'ai jamais eu à subir un viol. Je ne sais pas si ces mots vous choquent mais il faut vous réveiller. Savez-vous qu'au moins une personne de votre entourage a été victime d'un viol? J'en connais plusieurs qui ont été victimes d'abus sexuels. La première fois ça m'a choquée, les suivantes aussi. J'avais juste envie de chialer et de trouver les personnes pour leur foutre mon poing dans la gueule. Ca peut arriver à tout le monde, et je crois que c'est bel et bien cela qui fait peur. 
Le viol n'est pas nécessairement l'acte sexuel accompli. Il y a beaucoup de situations qui passent à la trappe parce qu'il n'y a pas eu le forçage suprême dirais-je. Ne serait-ce qu'une tentative trop insistante ou un début d'acte sexuel est un abus. Notre société dédramatise beaucoup trop les viols sous prétexte que nous, femmes, l'avons mérité dans le fond. Quel plaisir de voir un mec prendre son pied sur son corps en se débattant de dégoût, c'est vrai que ça semble très excitant non? Une victime de viol se demande parfois elle-même si elle ne l'a pas mérité au fond. La culpabilisation porte sur la femme et non pas sur l'agresseur. Après tout elle avait mis une jupe (trop courte), un décolleté (trop provoquant), des talons (trop hauts), elle a souri (un peu trop), au final elle était en jean (trop moulant) et c'est de sa faute. Je n'imagine même pas l'état d'esprit d'une personne ayant subi ce genre de violences morales et physiques. Il faut savoir qu'en dehors de l'acte répugnant lui-même, un travail psychologique suit. Bien souvent, les victimes n'osent pas en parler parce que la société a fait d'elles des personnes honteuses. Honteuses car souillées, honteuses car coupables selon certains, honteuses car peut-être enceintes d'un gros porc, honteuses d'être femmes. Honteuses d'être des femmes sorties en s'habillant selon leur bon vouloir en toute légitimité, d'avoir osé assumer leur féminité et d'avoir osé revêtir ce qu'elles aimaient, honteuses de vivre et d'essayer de profiter de la vie. 
Durant un moment qui sera plus ou moins long mais surtout douloureux, une femme blessée ne pourra plus être approchée de quiconque physiquement. Une main sur sa taille est égale à une vision de quasi horreur. Vous savez, on dit souvent que certains souvenirs s'ancrent dans notre peau. En touchant un certain point de notre corps nous pouvons parfois nous rappeler de certaines situations quelles qu'elles soient. Il en va de même avec le viol, sauf que c'est tout le corps qui est touché. Imaginez-vous que chaque parcelle de votre corps vous rappelle le pire des cauchemars. Que feriez-vous? Que ressentiriez-vous? Je pense que même le plus grand et le mieux mené -si je puis dire- des travaux psychologiques ne pourra jamais effacer ce traumatisme de toute une vie. 
J'aimerai terminer par dire un mot à chaque citoyen qui me lit, chaque personne dotée de raison et de logique. Jamais la moindre parcelle de textile ou de peau ne vous autorisera à porter un geste déplacé sur quelqu'un. Qui que ce soit. J'en ai marre d'éternellement tomber sur ces putains de faits divers ou je ne sais comment les appeler parce qu'on vit encore dans un monde de gros porcs qui ont manqué leur éducation, ou que personne ne veut et qui vont violer pour satisfaire leurs pulsions. Sachez que les femmes aussi ont des envies et que le désir féminin et masculin est le même. Dans l'article du Huffpost, j'ai trouvé une citation qui m'a fait dresser le poil sur l'épiderme: "les femmes ont plus tendance à considérer comme violents des événements  que les hommes ne perçoivent pas comme tels". 76 putains de pourcent de Français (excusez ma vulgarité dans cet article mais je n'ai plus les mots polis pour dire les choses) pensent cela. Le fait que nous ne ressentions -a priori- pas les faits de la même manière autoriserait-il la culture du viol et donc excuserait-il ces abus? Jamais. Une ultime et dernière chose. Ce n'est pas parce qu'une femme vit avec son mari/compagnon qu'elle ne peut pas être abusée. Ne riez jamais à la tête de quelqu'un qui vous dit être abusé chez lui. Un "non" est un "non", quel qu'il soit. Si l'acte sexuel est forcé, c'est un viol




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Je ne peux pas être plus sérieuse qu'en ayant rédigé cet article. J'aimerai que vous éduquiez les générations futures, que vous éveilliez les consciences, il faut que les mentalités changent et qu'on ose enfin pointer du doigt ces actes dégueulasses. Enfin, il faut qu'on arrête de culpabiliser les victimes pour qu'elles osent enfin prendre la parole. Merci.
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Marion

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1 commentaires:

  1. Entièrement d'accord avec ce que tu dis... juste une petite interrogation quand à sa formulation: le language comme "con" et "putain" que tu emploies, quoique compréhensible (vu l'usage emphatique et cathartique qui en est couramment fait), participe-t'il quelque part à l'honnissement de la femme et par extension à la culture du viol? Ce genre de subtilité du vocabulaire parait anodin mais ses racines sont profondément ancrées et ses effets sont considérables car du moment que notre pensée est exprimée avec les mots, les mots influencent notre pensée. Pour se débarasser du patriarcat (et en fait toutes les strutures de domination), il faut également s'affranchir de sa colonisation de nos esprits et paroles.

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A propos

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