La vie

Les gens sortent en bande, ils foulent les pavés montpelliérains, on se pose ensemble autour d'un demi, puis deux ou trois autres, certains partent et les suivants restent, on rigole, on s'amuse, on profite, sans le savoir, d'être bien ici, d'avoir les pieds sur terre et de pouvoir encore fouler ce sol qui nous appartient à tous. Hier soir j'ai passé une soirée fantastique. Elle n'avait rien d'exceptionnelle, d'extraordinaire ou ce genre de qualités qui pourraient décrire quelque chose de fabuleusement inhabituel. L'élément qui a tout changé, c'était seulement la réunion de la majorité de personnes que j'apprécie énormément, mes amis, presque ma famille, en tout cas la famille qui m'a choisie et que j'ai choisi indirectement au fil du temps. Dans ce genre de rassemblement, il vous manque toujours quelqu'un, voire plusieurs quelqu'un. C'était le cas pour moi, je l'ai regretté.
Hier je me suis sentie tellement vivante que j'en ai oublié pas mal de choses. Pouvoir s'esclaffer avec tous les gens qu'on aime sans se soucier du reste, sans se dire qu'on rit trop fort, pas assez, pas au bon moment, qu'on parle un peu trop ou qu'on est un peu à l'écart. Oublier de penser à soi parce que tous ceux qui sont autour de nous le font à notre place. Tout s'échange avec plaisir, avec légèreté, les clopes se  donnent, on paye un verre à qui n'a plus assez de thune. On est une belle bande d'individus réunis pas seulement pour faire la fête mais surtout pour vivre. On ne se juge pas, on écoute à tour de rôle ce que l'autre a à raconter et tout ce joli bazar se fait naturellement. C'est donc ça la légèreté. Étrangement, c'est une sensation que je n'avais pas ressenti depuis bien longtemps, voire peut-être jamais. Lâcher la pression, oublier les questions, rire et puis c'est tout. C'est un peu comme une thérapie très sympa qu'on n'a pas l'impression de faire, un laisser-passer pour le bonheur qui vous marquera un certain temps, parce que même si la soirée était banale vue de l'extérieur, à l'intérieur c'était le feu. Au terme de maintes rigolades et d'échanges d'informations en tous genres, on se sépare, certains rentrent et d'autres veulent rester dans la danse, alors on marche encore et encore à la recherche de fête et d'amusements. En chemin on rencontre toujours des gens qu'on connaît, on prend un moment pour discuter avec eux, les aider s'ils ont un problème puis on continue à marcher inlassablement, telles des machines programmées uniquement pour ça. On lève les yeux et on observe la nuit noire, parce que oui, c'est possible. On analyse la forme de la lune, en ce Vendredi 18 Décembre elle avait perdu sa moitié mais rayonnait quand même de mille feux. Se balader au gré du vent et des saisons, seul ou accompagné dans les rues d'une ville qu'on connaît par cœur, en connaître presque tous les recoins mais continuer de le faire, à toutes heures du jour comme de la nuit. C'est en étant seul et surtout ainsi qu'on découvre réellement un endroit. L'année dernière j'étais lassée de Montpellier, cet endroit me sortait par les yeux. Si je m'en étais éloignée et qu'on m'avait envoyé une peinture de la Comédie, j'aurais probablement vomi de dégoût. Mais depuis la rentrée j'ai appris à pardonner celle que j'ai détesté de m'avoir fait prisonnière, parce que j'étais profondément malheureuse dans mes études et je n'aimais pas tellement le sens qu'avait pris ma vie. Trop rapide, pas assez, rien à faire, nouvelle vie, nouvelles rencontres, échecs... Je me sentais vide et inutile. Pour quelqu'un qui a le sens du contrôle, c'est un paradoxe que de se voir échouer et ne pas savoir comment régler la chose. Depuis le début de ma L2, je me sens revivre, paradoxalement au fait que cette année d'études se résume en un seul mot: enfer. Je rencontre énormément de gens, j'adore être à leur contact même si je sais qu'eux aussi disparaîtront un jour ou l'autre parce que tous ceux qu'on aime s'en vont toujours. Alors je profite du temps qu'il me reste avec ces personnes-là, je rigole fort, je fume beaucoup, je tousse le lendemain mais je ne le regrette pas. Je prends du sirop, du Doliprane et c'est reparti pour un tour. C'est en m'activant que j'ai découvert ce que pouvait être le bonheur -pour moi en tout cas-, le vrai, celui qui nous parcourt tout entier. Il ne faut pas le concevoir comme quelque chose de total et de positif, sinon vous ne le trouverez jamais. Je crois que pour le rencontrer, il faut seulement avoir été tellement mal que vous arrivez à relativiser pas mal d'événements, ou de sentiments qui vous auraient paru être affreux avant. C'est un peu complexe à définir, c'est un enchevêtrements d'éléments extrêmement positifs, qui vous feront vous sentir bien peu importe la situation qui est la votre actuellement. Vous allez arriver à vous botter le cul comme on dit et avancer parce que vous savez que vous pouvez faire mieux pour améliorer votre position et que du positif va arriver très bientôt. C'est un peu ça le Bonheur, mais pour l'obtenir il faut avant tout accepter que tout ne soit pas rose et que des sales choses puissent vous arriver. La vie n'est pas un chemin constitué de paillettes et de petits nœuds roses qui vous mène jusqu'au paradis. Si vous êtes incapables d'affronter les aléas de la vie, arrêtez tout. Ce que vous croyez avoir vaincu avec force ne sera rien en comparaison avec ce qui peut arriver demain. Je n'écris pas tout ça pour vous effrayer, mais c'est une réalité à laquelle il faut être préparé. Si vous n'êtes pas prêts pour ça, débranchez-vous du gameplay et allez vivre dans d'autres contrées peuplées de papillons et de châteaux régis par de gentilles personnes mignonnettes. 
La question à laquelle j'ai envie de répondre maintenant, c'est pourquoi cet article? Je ne sais pas si vous aussi vous y pensez régulièrement, mais aujourd'hui cela fait un mois et six jours depuis les attentats de Paris. J'y pense énormément, tous les jours ou presque. Lorsque je me rends en ville et que je vois le mémorial autour des trois Grâces, tous les sentiments qui ont jailli en moi en ce jour reviennent inlassablement me hanter. Je pense qu'il est important de vivre et d'en apprécier la saveur, de faire des choses qu'on n'oserait pas accomplir par peur des conséquences. On n'a qu'une vie bordel, autant en faire un truc fou et inoubliable pour nous, sur notre lit de mort, et pour les autres ,pour qu'ils rigolent bien en pensant à des petites anecdotes au lieu de pleurer sur notre couche. L'expérience qui nous a été proposé, soit de vivre, est quelque chose d'exceptionnel dont on peut faire ce qu'on veut en définitive, et être aussi libre c'est plutôt rare quand on observe le Monde qui nous entoure. Ayez un brin de folie, suivez votre instinct, libérez-vous des poids qui vous emprisonnent et vous enchaînent. Osez vivre.

Bisous,
Marion

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1 commentaires:

  1. Très bon article, je suis d'accord avec tout ce que tu dis. J'ai eu l'impression de retrouver un fond de Fight Club à un moment. Quand on a toujours été habitué à vouloir contrôler les choses, à garder et maintenir ce contrôle, le réel lâché prise est un moment magique, unique, beau, simplement.

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A propos

Marion, 23 ans de questions, de conneries, je suis une encyclopédie de la bizarrerie parfois.
J'aime les lettres mais pas trop Balzac désolée, la photo et les gens (surtout quand ils savent se tenir). Je tiens ce blog pour partager avant tout ce qui se passe dans ma tête et mes quelques clichés.

Bonne visite sur ce joyeux bordel (oui je suis un peu grossière).

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