C'est grave docteur?


A seulement dix-huit ans, presque dix-neuf -mais enfin c'est pas un bout d'année qui change tout- j'ai la pression. Dit comme ça ça paraît très léger, stupide comme une anxiété passagère. Et pourtant je suis très sérieuse.

Marseille, 2014

Dès notre majorité tant attendue, ce n'est pas la liberté qui nous assomme, en tout cas on peut très nettement se rendre compte de ce qu'elle nous coûte. J'adore cette période transitoire qui nous amène de l'adolescence au monde adulte autant que je la déteste. C'est comme si tout à coup nous devions tout connaître pour gérer notre vie, nous sommes lâchés sans plus d'indications dans ce grand zoo. Certains diront que l'éducation est alors là pour ça, pour nous préparer à être lâchés ainsi. En un sens je peux approuver comme réprouver. Avec l'éducation nécessaire c'est évident que la vie solo est bien moins difficile et pourtant nous ne pouvons pas tout savoir. Il n'y a pas de moment transitoire dans ce cas-là, seulement une rupture. Sitôt notre liberté attrapée nous plongeons dans le grand bassin. Et c'est là qu'il faut se débrouiller. C'est aussi excitant qu'effrayant. On se sent fiers pour des trucs très cons parfois, pour des choses comme réussir à faire ses courses pour 20 balles ou encore garder un billet de dix pendant une semaine. C'est débile mais en même temps pas tellement quand on a toujours été habitué à vivre avec ses parents, et même avec un semblant d'autonomie rien ne peut ressembler à cette esquisse de vie active.



Valérie, 2012

Mais si cette nouvelle vie me fait peur, c'est surtout parce qu'elle est imprévisible. Parfois je me pose et je réfléchis à ce que pourrait être ma vie plus tard. Bien sûr j'en appelle à mes rêves les plus fous comme la plupart d'entre nous je crois, mais aussi à tout ce que je ne me vois pas faire. Je suis quelqu'un d'énormément prévoyant qui aime envisager toutes les possibilités. C'est pour cette raison que l'avenir me terrifie. Je n'ai pas vu ma dix-huitième année passer,bien qu'elle ne soit pas entièrement terminée mais ça me glace de constater l'allure folle à laquelle défile le temps. J'ai toujours pensé qu'à ma majorité il allait m'arriver des tas de trucs biens, comme si un ouragan allait déferler dans ma vie et aujourd'hui je ne peux pas vraiment déclarer l'état de catastrophe naturelle. A l'heure actuelle, je ne peux même pas dire si j'aime ce que je fais ou si je déteste, je ne peux pas dire où je serais dans trois ans, je ne peux pas dire si je vais réussir mes études, si je vais réussir à mettre le temps à profit pour me rappeler de chaque seconde. Je n'ai pas envie d'arriver à mon dernier souffle et de me dire que je n'ai absolument rien fait de dingue. Dans ma tête tout se bouscule mais c'est comme si je n'osais pas attraper les idées une par une pour leur donner forme. Si c'était le cas, je serais sûrement partie à l'étranger pour étudier ou pour faire je ne sais quoi. Encore faut-il une belle petite somme pour que cela se produise.
Alors je reste prostrée en attendant que le temps passe, je me pose mille et une questions qui resteront à jamais sans réponses je le crains. Le temps passe bien trop vite sans que nous nous en rendions compte. Peut-être demain nous réveillerons nous aux côtés d'une famille que nous ne connaissons pas. Je ne veux pas que ça soit mon cas alors je cherche des solutions sans pouvoir m'affranchir de tout néanmoins. J'essaye seulement de profiter du temps qui m'est octroyé pour vivre. Maintenant. Même si je suis effrayée par la suite, par tout ce qui pourrait ou ne pourrait pas arriver, je veux seulement profiter de tout ce que j'ai maintenant. De tous mes amis, de ma famille. De tout ce beau monde que j'affectionne tout particulièrement. Nous n'avons pas le temps de chercher les conflits pour pas grand chose, de râler et de faire la gueule sur une Terre qui est elle-même déjà en train de pourrir. Si l'avenir doit être grandiose, il le sera, mais je reste toujours lucide et me dis que toute belle chose arrive avec son lot de souffrance. La vie n'est pas toute rose, pleine de paillettes et de papillons, c'est pour cette raison que des gens farfelus ont inventé les princesses et les licornes.
Néanmoins si la vie est une balance entre joie et tristesse, il ne sert à rien de rester bloqué sur les points négatifs, sauf si cela nous fait avancer. Il faut accumuler et garder en tête tout ce qui nous a été bénéfique pour construire la meilleure version de nous-même. Pas pour les autres, seulement pour nous.


Belle soirée à vous tous!
Marion

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Marion, 23 ans de questions, de conneries, je suis une encyclopédie de la bizarrerie parfois.
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