Achievement




Je me suis longtemps demandée ce que signifiait le verbe "réussir". J'ai souvent remarqué que les gens l'employaient dans une dimension sociétale particulière, très carriériste. Pourtant, je me suis aussi rendue compte, en me détachant de ce discours, qu'on pouvait également réussir un gâteau, réussir à faire ses lacets quand on est gosse, réussir à se dépasser dans un sport ou encore réussir à dépasser un traumatisme. 
La réussite semble être la condition sine qua non pour mener une vie vivable (comme dit Ennius, t'as la ref ? Non ? Bon). Mais alors de quoi parle t-on ? On dit qu'il y a autant d'individus que de caractères et de personnalités différentes, qu'on est tous uniques pour des questions de génétique qui dépassent les esprits littéraires comme le mien. De fait, il existe autant de chemins que de personnes, déjà que pour une personne l'avenir n'est pas tout tracé puisqu'il découle de nombreux choix. Enfin ça, vous savez, c'est ma vision de la chose...





Je crois qu'il s'agit, passé un certain stade, de créer sa propre définition du mot "réussite". Cela rentre dans une dynamique toute particulière, une dynamique qui vous appartient. Il faut une nouvelle fois parvenir à se détacher des standards, aller plus loin que ce avec quoi on nous martèle l'esprit à longueur de journée. J'ai longtemps cru que si je ne devenais pas médecin ou avocate (oui, ce sont mes exemples préférés et de loin), j'allais rater ma vie et je n'aurais aucun prestige. J'ai longtemps cru qu'il fallait brasser de l'argent, accéder rapidement au bien de propriété, acheter des trucs chers et pouvoir construire ma vie comme si je ne pouvais pas mourir là, demain. Je me suis juste rendue compte avec le temps que l'argent et cette forme de "gloire" étaient certes intéressants, mais qu'ils n'étaient pas nécessairement le chemin universel. Je crois qu'en se convainquant de ça, on cherche surtout la reconnaissance de ses pairs, à pouvoir briller en société et se lancer sur le devant d'une scène qui n'est peut-être pas faite pour nous. 




Alors oui, il y aura toujours des gens faits pour opter pour ces voies, bien sûr qu'il y en a. Mais peut-être que ce n'est pas forcément sa voie. Il s'agirait d'apprendre à s'écouter et d'arriver à comprendre ce que notre petite voix intérieure nous susurre au creux de l'oreille. 
Je pense que lorsque nous ne sommes pas en paix avec nos choix, notre corps exprime une forme de rejet qui peut se manifester sous diverses formes. Je suppose que cette science-là doit avoir un nom qui ne me revient pas. Mais je suis quasiment sûre que le blocage psychologique se traduit d'une certaine manière par un blocage physique : une oppression dans la poitrine, un sentiment perpétuel de malaise, des maux de tête...? C'est sûrement con, mais quand on nous conseille d'écouter notre corps, je ne pense pas que ça soit une proposition complètement dénuée de sens. Le corps fait vivre nos émotions, nos joies, nos peines, nos malaises. Apprenez à vous écouter et à identifier les signaux qu'il vous envoie, c'est important. 
Revenons-en à nos moutons. La réussite. Je ne sais pas si vous vous rappelez de cette collection d'ouvrages qu'on a tous vu passer étant gamins, en tout cas ceux de ma génération qui allaient à la bibliothèque ou dans les librairies. Ça s'appelait "Un livre dont vous êtes le héros". Si la vie était un bouquin, ça serait probablement un de ceux-là, en version moins fantaisiste, parce que faut pas déconner quand même. Ce livre là, c'est le vôtre, donc pourquoi prétendre à vouloir coller à un idéal qui est un fantasme lointain d'une vie que vous n'avez pas envie de vivre ? Je veux dire, depuis quand est-ce qu'on est obligés d'opter pour la médecine ou la justice pour se sentir exister ? Mon discours est marqué de ces filières là je crois parce que mon expérience et les conversations que j'ai eues me ramènent inexorablement à ça. C'est marrant parce qu'en plus, lorsque ça me revient en tête, c'est uniquement pour écouter des gens dire "Oooooh il est AvOcAt Oooooooh". Attendez, il faut absolument que je vous mette un insert image là. 




Bah voilà, certains sont exactement comme ça quand ils entendent le nom de certains métiers. A croire que les autres ne valent rien. C'est un peu avec cette idée qui est entrée dans ma tête bien malgré moi que j'ai, pendant un moment en tout cas, été convaincue du fait que ma licence de lettres était certes un diplôme comme un autre, mais peut-être un peu moins valorisante et moins bien qu'une autre. Et qu'est-ce que je trouve ça dommage, parce qu'elle était très enrichissante et n'en reste pas moins technique qu'une autre. Surtout que les études en droit ne se résument pas à devenir avocat, bien que ça soit un chemin envisagé par beaucoup d'étudiants qui empruntent ces bancs. Je pense qu'encore une fois, le but à atteindre est trop envisagé par les gens comme un motif de notoriété et de faire-valoir sociétal et qu'on en oublie un peu la passion. 


Et c'est justement à ça que je voulais en venir : la passion. Elle est où dans tout ça ? Un bon salaire permet de se lever tous les matins avec une sorte de satisfaction motivée par les deniers. La passion, elle, permet de se lever avec le sourire de quelqu'un de comblé et de profondément en accord avec soi-même. Je sais que mon discours peut paraître complètement en dehors des réalités, je ne dis pas qu'il faut tout plaquer et vivre cul nu au fin fond de la Lozère en mangeant des baies sauvages. Mais parfois, se rappeler que notre vie manque de passion, c'est aussi se rappeler qu'elle manque de saveur. En tout cas, moi c'est comme ça que j'envisage les choses. Comme disait une certaine personnalité, "les folies sont les seules choses qu'on ne regrette jamais", cqfd. Il y aura toujours une part de l'existence où l'on doit garder les pieds sur terre pour ne pas se laisser couler, on aura toujours des obligations envers la société qui sont évidentes afin de pouvoir également la faire tenir sur pieds. Mais je crois qu'il ne faut pas oublier sa petite flamme, celle qui nous dit de vivre pour nous, de faire de chaque moment quelque chose de particulier.


Je crois fondamentalement que c'est lorsqu'on se rend compte que la mort n'est pas si loin qu'on apprend à aimer vivre. C'est sûrement bête dit comme ça, mais "si on devait mourir demain, qu'est-ce qu'on ferait de plus, qu'est-ce qu'on ferait de moins ?". Le temps nous paraît définitivement beaucoup plus court là tout de suite. Je n'envisage même pas ça dans le sens péjoratif de la chose, mais plus comme un reminder qui me permet d'apprécier tous les moments que je vis, de les faire durer dans ma mémoire après en avoir profité. Et tout ce que j'accueille de négatif, je l'envisage comme une leçon pour m'améliorer, pour essayer de voir comment cela peut me faire évoluer en tant que personne. J'essaie de dépasser le négatif pour en faire une force et non un fardeau. 


Je me dis maintenant, à 24 ans, que je n'ai pas encore décidé quoi faire de ma vie à proprement parler, que c'est ok, que ça viendra mais que j'ai décidé de vivre avec passion, d'aimer la vie et d'en savourer chaque seconde. Je ne veux pas d'une existence-fardeau durant laquelle je vais me torturer l'esprit, à constamment me remettre en question et réfléchir à mes choix. Je sais désormais que si je prends une décision, je le fais pour moi et pour moi seule. Je crois que c'est la conclusion d'un long travail qui consistait à s'aimer tout simplement. S'aimer, c'est se respecter et respecter ce que l'on veut faire. Je n'ai pas toujours choisi la voie qui me correspondait parce que je m'étais engagée auprès de personnes sur ce que je ferais, j'en ai parlé et avais ce sentiment oppressant d'obligation d'aller jusqu'au bout. Mais à qui dois-je quelque chose si ce n'est à moi ? Est-ce vraiment se respecter que de se forcer par peur de décevoir et par peur du jugement ? Ceux qui t'aiment vraiment ne te jugeront pas et sauront accepter et comprendre tes choix par la suite lorsqu'ils verront que tu es épanoui.e.  
Pour moi, la vraie réussite, c'est ça.










Des bisous,
Marion

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Marion, 23 ans de questions, de conneries, je suis une encyclopédie de la bizarrerie parfois.
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