Ca veut dire quoi aimer ?





J'ai l'impression que c'est un problème assez complexe puisque certains disent que lorsque c'est le cas, tu le sais. Le camp des réfractaires, lui, se refuse à y croire. Pour eux, c'est insensé et ça ne veut rien dire.
Mais quand on y réfléchit, aimer ça peut être très fort, pourtant c'est un verbe qu'on utilise sans aucun mal dès lors que cela n'implique pas des personnes. On adore aimer un film , une série, une exposition, un animal en particulier. 
Par contre , avouer aux gens qu'on les aime, ça c'est plus difficile. 

Est-ce que l'amour, et les sentiments plus généralement, sont intimement liés uniquement à la pudeur ? Est-il possible de parler de qui l'on aime avec fluidité comme on parlerait de quelque chose d'inanimé ?

Je me demande si ce qui fait réellement peur est ce rapport de réciprocité qui risquerait d'ébrécher un ego déjà fragilisé chez l'être humain. Je me suis toujours demandée ce qui faisait si peur dans l'expression des sentiments. Je généralise, mais je connais très peu de gens qui ont une facilité certaine à affirmer avec aplomb qu'ils aiment quelqu'un. Le pire, c'est lorsqu'il s'agit de sentiments amoureux. Alors là, c'est vraiment le drame. Quelle est la raison qui nous conduit à rester interdit dès lors que l'on doit exprimer nos sentiments, en tout cas les premières fois, à quelqu'un ? 
Je crois qu'au fond, tout cela est bel et bien lié à un mélange de pudeur, d'ego mais aussi à une capacité inexistante à saisir ce que ça veut vraiment dire. 
Je suis persuadée que l'amour n'a aucune définition tant il est ressenti par chacun de manière différente, et par ce chacun une nouvelle fois différemment quand il s'agit d'une nouvelle personne. Je suis aussi sûre que tout le monde s'est un jour demandé au moins une fois ce que cela signifiait d'aimer quelqu'un. Parce que tout cela est impalpable. 

Moi, tout ce que je sais, c'est qu'au début je me sens surexcitée, comme quand t'es gamin et que tu viens de découvrir un super truc, ou qu'on venait d'enfin t'autoriser à faire quelque chose. Des petits shots d'adrénaline, une constante envie de faire tout et n'importe quoi tant que je peux le partager, plein de projets et de sorties à mener de front, j'ai envie de tout (faire) découvrir. La vie est une aventure à cet instant, et tout ce que je fais doit être partagé pour que cela ait deux fois plus de sens. Tout est toujours meilleur si je peux avoir la personne à mes côtés. Ça c'est le début. 
Après ça dépend de comment ça tourne, ça dépend de la relation, ça dépend de la personne. 
Je sais juste que la seule chose qui me fait peur en amour, c'est que ça ne dure pas. Toutes ces sensations d'innovation, de renouveau, d'excitation perpétuelle. A chaque fois ma phobie est la même : se lasser, ou que l'autre se lasse de soi. Et s'en suit la même unique décision : la rupture. 
J'admire tellement tous ces couples qui sont ou restent ensemble des années durant sans ne jamais ployer. Je me demande quels sont leurs secrets. J'ai toujours cherché à tout réparer plutôt qu'à aller vers la décision la plus simple. On peut me reprocher ce qu'on veut, mais certainement pas d'abandonner trop vite. Pourtant il y a toujours cette issue. 
Je ne la vois pas nécessairement comme une fatalité pour autant. Mais je m'interroge quand je vois des couples qui durent, main dans la main, couler des jours interminables ensemble, passer des paliers à deux. Je me demande souvent si je serais un jour capable de supporter quelqu'un aussi longtemps. Ce n'est pas être dure que de penser ça, c'est une vraie interrogation. Comment on fait pour ne pas se sentir étouffé, dépassé, lassé après déjà trois ans de relation ? Existe t-il une combinaison de deux êtres si parfaite que les deux sont capables de faire assez de concessions pour durer toute une vie ? La notion d'équité est celle qui me préoccupe beaucoup, dans tout. Je trouve ça compliqué de pouvoir réunir deux personnes qui soient assez enclines à faire tantôt l'une tantôt l'autre des concessions. 
Du coup je suppose que ça veut dire qu'elles s'aiment assez pour avoir envie de garder le cap et de faire tout ça. On en revient donc à la question principale : 

Ça veut dire quoi aimer ?

Vous n'aurez aucune réponse concrète à cette préoccupation existentielle. Mais je crois qu'au fond il s'agit de quelque chose d'inexplicable, polymorphe et en même temps très simple. 

Pour moi aimer c'est savoir tout se dire avec tact, et inversement vouloir tout savoir d'une oreille attentive, essayer de conseiller, d'orienter, soutenir et tirer au maximum vers le haut. Aimer, c'est apprécier de parfois rester dans le silence pendant des minutes durant, trouver ça convenable et normal, puis rompre le silence comme si de rien n'était. Aimer, c'est rire aux larmes, après des jours, des mois et des années avec la même furieuse envie que cela nous reprenne encore et encore. Aimer c'est préférer être ensemble que séparés, alors même que l'absence rend ces moments de réunion encore plus précieux. Aimer, c'est avoir envie de partager tout et n'importe quoi, de la chose la plus inutile au truc le plus passionnant du moment. Aimer c'est savoir travailler sur ses travers pour en faire bénéficier son couple, et cultiver ses qualités pour les mettre à profit du 'nous'. C'est aussi savoir accepter le jardin secret de l'autre, respecter son espace privé et réciproquement pour continuer à entretenir une liberté nécessaire dans le couple. Il s'agit aussi de savoir tout faire à deux bien qu'on puisse tout faire tout seul, et qu'on n'ait besoin de personne. Mais qu'on le fasse quand même par envie. Aimer, c'est sentir une petite flamme au creux de son âme qui vacille et qui danse le long des parois de son cœur. La petit flamme qui vacille, c'est pour se rappeler que rien n'est immuable et que tout peut basculer du jour au lendemain. Que la confiance se gagne, tout comme l'amour, que rien n'est acquis et que tout reste à faire. Que les gens ne nous appartiennent pas comme nous n'appartenons à personne. Nous ne sommes pas des biens matériels. 
L'amour s'entretient comme une fleur, il s'arrose tous les jours de mots positifs, de petites attentions, de moments de partage. Il s'accompagne de paroles d'encouragement, de projets à deux à moyen et long terme, de regards complices et de tendresse sincère. 
Mais pour moi, aimer c'est aussi être en désaccord, se disputer parfois, se rentrer dedans, élever la voix mais sans aucune violence. Aimer c'est aussi se détester pour se rendre compte à quel point il est urgent de résoudre nos problèmes car on est mieux lorsqu'on le fait. Aimer, c'est avoir envie que plus rien n'existe autour de l'autre pour qu'il reste avec nous pour toujours, puis se rappeler que ce n'est pas sain. Aimer c'est détester quand des gens qui semblent mieux que soi s'approchent de notre moitié, puis se rappeler que ce n'est pas sain. Aimer, c'est aussi mal agir de temps à autre et savoir s'excuser, avancer tant que ça ne va jamais trop loin. Aimer, c'est rassurer, être rassuré, compléter et se compléter. Parce qu'aimer ne se résume pas à ce conte de fées qu'on nous vend. L'amour se vit avec ses mauvais aspects, et c'est aussi comme ça qu'il parvient à revêtir ses plus beaux atours. 

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Pour moi, aimer quelqu'un, c'est aimer plus que je ne m'aime.
Aimer, c'est grandir et en sortir grandi.

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