La grande désillusion

J'ai volontairement emprunté le titre de cet article au blog de L'autruche, que j'apprécie énormément. Cette association de mots m'est apparue tout à fait appropriée pour transcrire ce que j'ai dans le cœur aujourd'hui, et en ce moment tout simplement d'ailleurs. 


J'arrive à un âge où les choses deviennent fades ou alors c'est tout le contraire et un rien peut éclairer ma vie. La période où je posais les yeux sur le Monde qui m'entourait avec émerveillement et bel et bien finie. Dans ce sens, je veux signifier que l'insouciance s'en est réellement allée et, de ce fait, je suis bien plus aware mais aussi bien moins impressionnable. Ca fait chier de se dire qu'on aura pas un grand sourire en entendant nos parents nous dire qu'ils nous emmènent manger un Happy Meal (avouez tout..), ou exercer nos petits petons de gaminou sur le sable crado de la plage d'à côté. Avant on était bien quand on se disait qu'on allait ramasser des coquillages armé d'un sceau et d'une pelle pour éventuellement construire la grande muraille de Chine en plus éphémère. Il est loin le temps où notre seul souci c'était de savoir si on aurait de la pizza à la cantine ou si Maman avait décidé de nous acheter notre Barbie pour laquelle on était tombé en amour à Carrefour. Il s'est barré en courant le moment où on avait des étoiles dans les yeux à l'idée de savoir que demain soir on allait monter dans la chenille après avoir englouti une barbapapa en le regrettant aussitôt parce qu'on avait tout de suite envie de vomir après. 
J'ai toujours des étoiles dans les yeux aujourd'hui, mais ils brillent pour de nouvelles choses et des tas de nébuleuses se sont éteintes. J'ai mûri et j'ai compris. J'ai réalisé énormément de faits très importants. Le premier, et pas des moindres, c'est que, quoi qu'il arrive, vous ne pourrez jamais que compter sur votre poire. Prenez un instant pour vous regarder vous et vous aimer parce que personne ne le fera jamais à votre place. Observez vos mains, ces jambes qui vous porteront toute votre vie (et je vous le souhaite), votre visage qui s'éclairera quand vous arriverez à créer vous-même votre propre bonheur, ces pieds que vous maltraitez en les chaussant de talons trop hauts quand vous décidez d'aller en boîte, aimez-vous et vous aurez la paix. On passera votre vie à vous reprocher tout plein de choses qui seront peut-être justifiées, mais si tôt vous aurez décidé de faire les efforts nécessaires, si tôt vous aurez constaté le départ des gens pour qui vous étiez prêt à faire ce qu'il faut. La vérité, je le réitère et je le ferais sans cesse, c'est qu'on n'est jamais mieux servi que par soi-même et que tout le monde s'en bat les couilles. L'homme est bon pour moi, et je le pense profondément. Pourtant, les gens disparaissent sans cesse, vos amis vous quittent parce que vous ne leur correspondez plus assez, parce qu'arrivé à un certain embranchement du chemin, la voie se scinde en deux et qu'il faut choisir, parce qu'il ne faut pas leur en vouloir même si ça fait mal. Il faudra juste en conclure que vous leur avez apporté ce que vous pouviez offrir de mieux et qu'un certain point étant atteint, le puits s'est vidé et que l'eau n'est plus potable ou temporairement indisponible. Alors on se lâche et on continue de marcher en se tournant le dos. La vérité c'est qu'on ne tourne jamais le dos à ses vrais amis.

"La grande désillusion", c'est aussi la lassitude de faire des efforts pour Pierre Paul Jacques qui veulent que vous changiez de comportement. Parfois on le fait parce qu'on pense que ça en vaut réellement la peine. Et parfois on en a plein le cul de se dire qu'on veut nous changer alors qu'on nous a aimé comme ça auparavant. Alors on comprend pas très bien le pourquoi du comment. On mue, on intègre une seconde peau dans le but de plaire à ceux qu'on aime pour qu'ils restent avec nous. Mais en vérité, on n'a pas besoin de changer de coquille. Avec le temps, les gens se rendront compte de la raison pour laquelle ils vous aiment. Si ce n'est plus le cas, ils feront une sortie de route parfois sans même un mot. Malgré tout, si on vous fait des reproches, remettez-vous en question car, même s'il n'est pas question de changer dans votre essence même, on vous aide à grandir. Je m'en suis pris des reproches dans la gueule, je l'ai mal pris, j'ai râlé, je me suis dit qu'on abusait et que j'étais pas cette connasse (Marseille mon gars...) qu'on semblait me décrire selon les dires de chacun. Puis j'ai pris un peu de recul et j'ai médité la question. Finalement j'étais un peu cette connasse et je ne remercierai jamais assez ces personnes qui me l'ont fait remarquer. Certes, c'est loin d'être un plaisir à entendre, lire ou à constater mais c'est en apprenant vos défauts que vous pouvez mettre un coup d'effaceur et améliorer tout ça. Cependant, seule l'honnêteté permet encore de réaliser à quel point on peut être un peu bouffon parfois.  La vérité fait toujours moins mal qu'un bon mensonge dissimulé sous trois couches de fond de teint professionnel.

Alors, pourquoi je sourie aujourd'hui en fait
Je vous avouerai que mon article est empreint de pessimisme, je suis presque sûre que je vous ai cassé le moral en deux et que vous êtes au fond du trou arrivé à cet endroit du billet. Il est dans ma nature d'être profondément déçue et voir les choses toutes de noir vêtues, et pourtant. Il y a énormément de raisons pour lesquelles j'ai envie de pétiller et d'être heureuse. Les moments simples d'abord, que j'apprécie tout particulièrement:

* Un chaï-tea au Columbus café avec une amie, le seul endroit où on peut demander cette boisson sans passer pour une absolute bobo branchouille (non, non, il ne s'agit pas d'Absolute vodka petit vicelard d'alcoolique)
* Sortir de cours sous le soleil après avoir assisté à l'apocalypse en regardant par la fenêtre seulement une heure avant
* Fumer sa clope au soleil et que les gens te demandent si c'est bien du Amsterdamer "parce que ça sent bon"
* Échanger avec des inconnus au détour d'un simple service et se rendre compte que c'est pas si dur que ça de plus être timorée
* Voir qu'on a eu une bonne note à un partiel alors qu'on pensait pas avoir autant
* Revoir ses potes qu'on n'a plus fréquenté depuis trois semaines, because les vacances en famille tu vois
* Penser à tous les pays que nos petits petons attendent de fouler avec impatience, puis pleurer en se rappelant qu'on n'est pas Crésus
* Régler ces petits soucis qui nous tracassent depuis une plombe et qui, en soi, ne sont pas si graves
* Tenter de réconforter une pote qui galère parce que la vie c'est pas toujours tout rose et plein d'arcs-en-ciel
* Faire un peu les soldes, parce qu'avoir trop d'argent c'est pour les has-been
* Sortir en boîte avec sa pote et rencontrer les siens, puis se rendre compte qu'on n'est pas qu'un ours et que ça nous arrive d'être sociable en fait
* Envoyer des snaps dégueulasses à ses amis et faire des vidéos infâmes en gueulant "Feliz Navidad" avec onze jours de retard parce que ta soeur habite à Barna
* Rentrer chez soi et mettre les enceintes un peu fort mais pas trop pour respecter les voisins et surtout l'affiche du CROUS qui indique "Faites moins de bruit"
* Faire des FaceTime en se racontant tout le cours de sa vie

Des bisous,
Marion

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A propos

Marion, 23 ans de questions, de conneries, je suis une encyclopédie de la bizarrerie parfois.
J'aime les lettres mais pas trop Balzac désolée, la photo et les gens (surtout quand ils savent se tenir). Je tiens ce blog pour partager avant tout ce qui se passe dans ma tête et mes quelques clichés.

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