Re en 2025
J'ai ouvert ce blog plutôt par hasard aujourd'hui. J'ai pris le temps de relire quelques posts et c'est fou comme ça me fait mal de relire tout cela. J'en ai relu un dans lequel je me souhaitais les choses pour ma vingtième année. J'en ai désormais vingt-huit. J'ai écrit le post que j'ai lu il y a presque de dix ans. Comme je suis quelqu'un de plutôt sensible, je ne vais pas vous mentir : j'ai franchement chialé. Puis j'ai cherché pourquoi j'avais autant été touchée par mes propres mots.
Je pense qu'il a toujours été question de venir coucher mes maux ici et c'est ce qui m'a autant frappée. Je me souviens presque de chaque émotion ressentie lors de la rédaction de ces billets. Je me suis remémorée également de ce qui se passait dans ma vie à ce moment-là, de quelles personnes y étaient présentes ou pas encore, de ce qui allait se produire. J'ai toujours composé entre les lignes ici et je n'ai jamais dit ouvertement certaines choses que j'aurais aimé dire tant cet acte aurait été cathartique. En lisant attentivement, je me rappelle encore à quoi je faisais allusion dans certaines phrases et certains paragraphes. Il y a toujours eu des missives dissimulées dans ce que je postais. Seulement, je ne l'ai jamais écrit clairement par peur de blesser, par peur de décevoir. En résumé : par peur de devoir affronter un conflit. Je sais désormais, en tant qu'adulte, que j'ai grandi en devant faire le moins de vagues possible, en étant lisse et je n'ai jamais été en accord avec ça. J'ai souvent voulu aller à contre-courant, me battre contre des moulins à vent et parler haut et fort. Je n'ai commencé à le faire que lorsque j'ai pu m'émanciper et partir du foyer familial. Et encore, j'ai continué à ne pas vouloir décevoir les gens par peur qu'ils ne m'aiment plus et me quittent à tout jamais. Je crois que maintenant c'est différent. Au moment où j'ai versé ces larmes en lisant, je pense que c'est aussi parce que je dresse le bilan. Je ne dirais pas que je suis catégoriquement différente à mes vingt-huit ans. Néanmoins, je suis intimement persuadée que je n'ai plus peur de déranger. Je n'ai plus peur de déranger parce que j'ose m'opposer, pas toujours à juste titre selon le point de vue mais j'ose le faire pour défendre mes idées et mes positions. Je ne veux plus être impressionnable ou donner la sensation que je le suis. Je n'ai plus peur.
Pour en arriver à ce stade, j'ai dû lutter intimement et longtemps. Je suis persuadée que mes pérégrinations sur ce blog m'aident aussi et l'ont fait par le passé pour avancer et évoluer. Ici, ç'a toujours été ma safe place parce que je sais que je ne suis pas trop lue, sauf à la rigueur par des gens que j'aime. Je n'ai rien à craindre et je peux me montrer vulnérable. C'est une posture dans laquelle je refusais de me retrouver et dans laquelle je déteste être. C'est très difficile d'exposer ses failles car on est facilement attaquable je crois. Comme je fuyais le conflit, de facto je n'avais pas envie d'être vulnérable en cas d'attaque. J'ai ainsi longtemps dissimulé mes divers sentiments, tant et si bien que je sais qu'on a parfois pu croire que des situations complexes ne m'atteignaient pas. Aujourd'hui, je pense réussir à avancer en me montrant vulnérable, sans dissimuler mes craintes et mes sentiments de manière générale. Il a fallu établir un long travail afin d'en parvenir jusque-là. Je le sais lorsque je relis cette plateforme.
Je tire une autre conclusion de ma lecture personnelle. Les réalités que je couchais sur certains billets ici il y a dix ans sont les mêmes à présent encore. Mais il ne s'agit pas forcément de moi mais des autres. J'ai parfois du mal à me décentrer et à m'immiscer dans le prisme des autres. Mon chemin à moi n'est pas celui d'autrui et inversement. Certaines discussions que j'ai pu avoir avec mon entourage m'éclairent encore sur le fait que tout le monde n'avance pas au même rythme. Je pense encore devoir travailler ça de mon côté pour avancer et mieux comprendre les autres.
Pour finir, j'ai été aussi interpelée en croisant différents billets que j'ai écrits. J'ai eu comme la sensation que la clé à mes questionnements était devant moi pendant tout ce temps. Je me suis toujours beaucoup interrogée sur ma place, mes réactions, mon trait parfois excessif et j'en passe. J'estime être plutôt quelqu'un qui se remet en question de manière générale, si ce n'est pas sur le coup c'est a posteriori mais ça arrive à la fin. J'ai longtemps pensé que quelque chose déconnait chez moi, que j'étais étrange, voire maudite au bout d'un certain temps, accusant de malchance ma position. En fait, je pense que je ne comprenais juste pas. Je n'avais pas la maturité et le recul nécessaires pour commencer à faire une analyse éclairée de la situation. Je ne pense pas avoir changé fondamentalement, je pense juste avoir évolué et posséder une meilleure connaissance de moi-même. Tout ce à quoi j'ai toujours essayé de répondre se trouvait dans mes questionnements mêmes. Je pense qu'à force de situations, j'ai cru être différente, parfois rejetée pour ce que j'étais alors qu'en fait c'est moi qui vivais tout avec beaucoup d'intensité. Ce dont je parle dans l'article Masterpiece est encore vivement ancré en moi et je ressens la douleur de l'époque due à cette épisode avec autant d'intensité, bien que ça soit fini et accepté. Je suis intimement persuadée que je n'avais juste pas pris le temps d'accepter d'être qui je suis. Il y a là une part de responsabilité dans les dires des autres, mais la mienne aussi dans ce que j'ai choisi de croire. Et là est tout la différence.
Aujourd'hui j'écoute, j'analyse et je ne prends pas tout au pied de la lettre quand j'aime quelqu'un. Tout ce que disent les gens que j'aime lors d'un conflit n'est pas parole d'évangile. Je parle là des critiques qui sont émises, des propos blessants qui peuvent fuser et amener une remise en question qui n'est pas toujours nécessaire. J'ai appris à prendre du recul et à décortiquer les choses. Maintenant ça va mieux, parce que je sais aussi que si nous ne sommes pas d'accord, cela ne signifie pas que c'est notre fin.
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